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(G)Oldies

Des disques pas forcément de première jeunesse, mais toujours en pleine forme !

goldies.jpgParmi les projets d'écriture qui traînent sur mon bureau virtuel, il y a celui d'un livre dont chaque chapitre serait un disque avec lequel j'ai une histoire, certains d'entre eux remontant à mon adolescence. Tout est encore très flou dans ma tête, même si leur liste commence à se dessiner. En attendant d'y voir plus clair, j'ai eu envie d'évoquer sur cette page une série d'albums qui sont à mes côtés depuis longtemps et vers lesquels je reviens à intervalles réguliers. Dans la mesure de mon temps disponible, bien sûr. Il en va ici comme sur la page "Pour quelques galettes de plus" : pas de rythme dans les publications, juste un espace ouvert à de nouvelles propositions d'écoute.


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King Crimson
Larks' Tongues In Aspic

King-Crimson-Larks-Tongues-in-Aspic.jpgComme pas mal de gens à l'époque, j'ai ressenti un drôle de truc à la fin des années 60 en découvrant un disque bizarre, avec un personnage étrange sur la pochette (comme un cri, yeux et narines écarquillés, gueule ouverte, dents blanches, luette apparente) et une musique différente. Le rock s'y faisait symphonique, on entendait un mellotron, comme chez les Moody Blues, et les histoires avaient des allures médiévales. In The Court Of The Crimson King, le premier album du groupe King Crimson, était tombé dans les bacs. J'avais onze ans et mon frère, comme ce fut souvent le cas, avait eu la bonne idée de s'enticher de cette musique.

Comme pas mal de gens, j'ai trouvé que les deux disques suivants (In The Wake Of Poseidon et Lizard) étaient moins bien, ils avaient des airs de photocopies un peu pâles. Islands, le quatrième épisode de l'histoire, suivait d'autres pistes symphoniques et nous montrait avec "Sailor's Tale" à quel point Robert Fripp était un musicien génial. En clôture de la première phase du groupe, ce n'est pas l'album live plutôt bâclé appelé Earthbound qui nous a transportés.

Un temps de silence puis ce fut le retour d'un King Crimson éclatant pendant la période 1973-1975 : un quintette qui deviendra quatuor pour finir en trio de feu. Aux côtés de Fripp, John Wetton à la basse et au chant, le génial Bill Bruford à la batterie tout juste sorti du groupe Yes, David Cross au violon et Jamie Muir aux percussions. Larks' Tongues In Aspic, le premier disque de cette formule rénovée est un chef d'œuvre d'invention et de nervosité convulsive, qui prend à peine le temps de se reposer sur un "Book Of Saturday" ou sur "Exiles". Ah, il faut avoir scruté avidement le flux à peine audible des percussions de Muir (celles-là mêmes qui parcourent tout l'album d'un frisson malicieux) en ouverture de "Larks' Tongues In Aspic Part 1", puis l'entrée progressive du violon de David Cross avant une explosion collective qui continue, quarante-deux ans après, de me surprendre. Le choc ! Et que dire de "Talking Drum" ou "Easy Money", hypnotiques et obsédants de pesanteur délibérée ? Qu'il nous laissent tout juste assez de forces pour nous faire boxer par "Larks' Tongues In Aspic Part Two" et son scénario frénétique et haletant, sous les coups de boutoir de Fripp, impassible et d'une efficacité redoutable.

Ce King Crimson-là sera le plus grand : il poussera le bouchon de ses folies encore un peu plus loin avec Starless And Bible Black puis le dantesque et sombre Red où le groupe réduit à un trio conclura par une composition appelée "Starless" qui voit le retour du mellotron et deux invités appelés Ian McDonald et Mel Collins, membres fondateurs de la première période. Mais allez comprendre pourquoi, en 2014, c'est Larks' Tongues In Aspic, qui est le plus cher à mon cœur ? Ce disque dont j'avais entendu des extraits à la radio le soir en faisant mes devoirs et qui m'avait d'emblée fasciné ; ce disque que j'avais demandé à mon frère de me rapporter dès qu'il reviendrait en week-end parce que je savais qu'il le dénicherait à Nancy plus vite que moi à Verdun ; ce disque que j'ai attendu, attendu... et qui est venu le 1er décembre 1973 pour ne jamais repartir.

Nouveau long silence, pas de Robert Fripp qui sera très actif, en particulier par ses collaborations avec Brian Eno pour des disques géniaux dont Evening Star. Mais silence de King Crimson.

King Crimson qui n'était pas mort pour autant : il revivra au début des années 80 dans une nouvelle formule où Bill Bruford, toujours présent aux côtés du mentor Fripp, donne la réplique à Adrian Belew et Tony Levin. Une nouvelle trilogie dont le premier volet, Discipline, reste le sommet : une musique métronomique et entêtante, d'une incroyable élégance glacée. Beat puis Three Of A Perfect Pair seront moins surprenants, malgré ça et là de grands moments.

Comme beaucoup de gens, j'ai suivi d'un peu plus loin la suite des aventures du groupe jusqu'à une période très récente, toujours passionnantes mais peut-être un peu moins émouvantes.

Et comme beaucoup de gens, je n'ignore pas qu'un nouveau King Crimson devrait reprendre bientôt le chemin des scènes. On parle même d'un groupe avec trois batteurs !

Quoiqu'il en soit, Larks' Tongues In Aspic est là, tout près, toujours.

Note publiée le 23 mai 2014

 

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Magma
Köhntarkösz

kohntarkosz.jpgComment deviner, en ce mercredi 26 février 1975, que mon premier achat d'un disque de Magma allait susciter chez moi, non pas une suite de déceptions, mais une quête éperdue, celle d'un album qui ne viendrait jamais ? Sans le savoir, je venais de me procurer le sommet discographique d'une formation qui, à cette époque, existait depuis un peu plus de cinq ans et que je connaissais pour avoir entendu des extraits de Mëkanïk Destruktïw Kommandöh, son précédent album publié en 1973, dans l'émission quotidienne de Jean-Bernard Hebey sur RTL (oui, au début des années 70, entre 20h30 et 22h chaque soir, on pouvait écouter de tels disques sur ce genre de radio, aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui), et à travers un ou deux articles suscités par la sortie du premier double album en 1970 dans le magazine Salut les Copains. Quelque temps avant mon acquisition, j'avais été intrigué par une chronique enthousiaste parue dans un autre périodique, beaucoup plus sérieux celui-là, le défunt Extra. Dans le numéro 46 de septembre 1974, Alain Wais évoquait "la musique classique de demain" et disait aussi : "Pour la première fois peut-être, Magma a réussi à faire passer sur le disque toute la vie qui illumine leurs concerts", ce qui le distinguait de ses collègues de Best ou Rock’n’Folk, beaucoup plus mitigés dans leur jugement.

Aussi, en extrayant d'un bac chez mon disquaire verdunois la pochette flamboyante de Köhntarkösz, quatrième album de Magma, je n'ai pas hésité une seule seconde : ce disque était pour moi.

Köhntakösz, c'est Magma à son zénith (je sais que bien des gens ne seront pas d’accord avec moi et je m’en moque éperdument), c'est aussi et surtout la matérialisation la plus éclatante de l'union de deux forces insurpassables à ce stade de la vie du groupe : celle de Christian Vander (batteur, chanteur et démiurge kobaïen, inventeur d'un langage organique censé traduire bien mieux que les mots tout ce dont il était habité) et de Jannick Top, bassiste tellurique et très impliqué dans cette œuvre, beaucoup plus en tous cas que certains ne veulent bien le laisser croire. À leurs côtés, Klaus Blasquiz et Stella Vander au chant, le guitariste Brian Godding et les pianistes Michel Graillier et Jean-Pierre Bikilalo. Une formation tendue comme un arc pour délivrer dans un seul souffle (à l'origine coupée en deux parties pour prendre place sur le 33 tours) une composition stratosphérique et mystique, d'une puissance de feu, qui raconte l'histoire d'un personnage ayant perçu, en l’espace d'une fraction de seconde après être entré dans la tombe de Emëhntëtt-Ré, la "vérité" que sa seule vie ne lui permettra pas de retrouver. Certes, je ne suis pas très fan de ces histoires de vérité révélée, mais qu’importe le décorum égyptologisant après tout, c’est la force de la musique qui prime et l’intensité de cette “quête de l’intime”. Trente-deux minutes en totale fusion, un long crescendo irradié qui aboutit d’abord à une pause très mélodique avant un final de feu, à la limite de la transe. À cette longue suite, il faut ajouter deux courtes pièces : la première, préfiguration du climat oppressant de «  De Futura », est signée et interprétée par Top et s'appelle « Ork Alarm » ; la seconde est une composition de Vander dédiée à John Coltrane : les premières notes de « Coltrane Sündia » sont celles de « A Love Supreme » et vont préparer le terrain d'une mélodie poignante jouée par la guitare et le piano (en 2011, Christian Vander en proposera une reprise assez oubliable sur un album un peu bancal consacré au saxophoniste).

Jamais Magma, à mon sens, ne retrouvera en studio une telle fusion des énergies et un langage aussi original. Vander s’était détaché du modèle Stravinsko-Orffien qui habitait la première trilogie Theusz Hamtaahk (trois albums dont la teneur philosophique m’a toujours un peu gêné aux entournures, je dis ça en passant, même si c’est une autre histoire qui ne m’intéresse plus le moins du monde parce que j’ai décidé ne me souvenir que du meilleur) pour en composer une seconde entre 1973 et 1975, dont Köhntarkösz est le deuxième volet ; les mystères de la temporalité kobaïenne bouverseront une fois encore la réalité chronologique : si l’album fut enregistré en 1974, le premier volet (K.A) ne verra le jour qu’en 2004 et le troisième (Emëhntëtt-Ré) en 2009, avec dans ce dernier des éléments déjà publiés sur Magma Hhaï (1975), Üdu Wüdü (1976) et Attahk (1978) et d’autres qui semblent de facture beaucoup plus récente. Sacré parcours...

En 1975, Magma publiera un double album live sur lequel on retrouve bien sûr Köhntarkösz rebaptisé Köhntark pour d’obscures raisons contractuelles : ce disque est souvent présenté à juste titre comme une excellente porte d’entrée dans l’univers du groupe ; il est vrai qu’il dégage une force incroyable sous une forme aux allures de jazz rock et qu’il a résisté aux assauts des années mais… effet pervers d’une perception modifiée par la brume du temps des souvenirs d’adolescence, je continue de lui préférer ce Köhntarkösz d’une incroyable fulgurance. Aucun des albums qui suivront ne distillera une magie aussi ensorcelante que celle de Köhntarkösz ; et depuis 1996, date à laquelle Magma est revenu à la scène après une longue période d’éloignement (celle qui a vu notamment l’éclosion d’Offering qu’il faut redécouvrir), le groupe n’a enregistré qu’une seule oeuvre vraiment inédite mais de puissance moindre, Félicité Thösz, publiée en 2012.

Magma… s’il ne devait y en avoir qu’un, ce serait bien Köhntarkösz, je pense que vous l’aurez compris !

Note publiée le 19 mai 2014

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The Grateful Dead

Europe '72

 

Grateful_Dead_-_Europe_'72.jpgAh, ce disque ! J'ai raconté l'histoire de son achat il y a bien longtemps sur mon blog et je préfère vous inciter à la relire plutôt que de recommencer. Mais tout de même, je tiens à ce que cet album - à l'origine un triple trente-trois tours - soit le premier de cette chronique des jours passés. J'allais avoir quinze ans et depuis onze mois, j'achetais dès que mon argent de poche me le permettait tous les disques du Grateful Dead, ce groupe californien emmené par le guitariste chanteur (et barbu) Jerry Garcia. En 1972, le Dead - comme on l'appelait souvent - avait tourné la page du psychédélisme échevelé et de ses longues nuits émaillées d'acid tests pour se tourner vers une musique brassant rock, folk, blues de facture plus conventionnelle. Ce qui n'empêchait ni la consommation de produits pour le moins stupéfiants ni les concerts marathons devant des spectateurs amassés parfois par dizaines, voire centaines de milliers. Europe '72, pour ne rien vous cacher, je n'ai même plus besoin de l'écouter pour l'entendre tellement j'ai pu faire tourner ces vinyles, d'abord sur mon électrophone puis ma chaîne stéréo avant de les stocker sur un baladeur à des fins déambulatoires. Je connais ses six faces sur le bout des doigts et continue de rêver à l'enchaînement de "China Cat Sunflower" et "I Know You Rider". Ces musiciens-là sont et resteront mes compagnons pour toujours. L'année 2012 a vu la publication d'un monumental coffret de 70 CD regroupant l'ensemble des concerts donnés par le Grateful Dead cette année-là en Europe. Mon budget ne m'autorisant pas son acquisition (toutefois... comment vous dire ? Je l'ai écouté quand même...), je me contente de temps en temps de rêvasser avec mon Europe '72 de toujours. Il suffit amplement à mon bonheur...

On écoute un petit extrait de Europe '72, probablement celui qui m'a le plus enchanté depuis 42 ans. Ce titre (un traditionnel) fut enregistré en mai 1972 à l'Olympia.

 

 

Jerry Garcia (chant, guitare), Bob Weir (chant, guitare), Phil Lesh (basse, chant), Ron McKernan (chant, orgue, harmonica), Keith Godchaux (piano), Donna Godchaux (chant), Bill Kreutzmann (batterie).

Note publiée le 17 mai 2014

 

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