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Como va

como_bolero.jpgFinalement, maintenant que vous m’y faites penser, je crois bien que c’est ça : je dois être un grand sentimental. Il suffit de peu de choses pour m’embarquer et faire de moi un allié inconditionnel. Une musique qui emporte, une mélodie aérienne qui touche au cœur, une pulsion tout en souplesse et, hop, voilà le travail : je fonds comme neige au soleil, je rends les armes et je dis « Encore ! ». Peut-être bien aussi que le reliquat de sang italien qui coule dans mes veines n’est pas étranger à une sensibilité que d’aucuns pourront juger naïvement béate mais je n’en ai cure, après tout. Quoi de plus attachant en effet qu’un chant humble et sincère, porté par la grâce des émotions, nimbé de notes qui, prises une par une, sont exemptes de la moindre vulgarité ?

Je vous raconte tout cela parce que j’ai reçu tout récemment le disque du pianiste Jean-Pierre Como appelé Boléro. Ne cherchez pas, il sortira au début du mois de septembre et vous n’aurez aucune difficulté à le trouver. Cette production de l’Âme Sœur (ça ne s’invente pas) est arrivée chez moi pile au bon moment ; il y eut illico comme une résonance intime et subtile entre le soleil qui pointait tranquillement le bout de ses rayons d’été dans mon salon et la sérénité d’un disque dont les élégances feutrées se sont mise à envelopper l’atmosphère d’un matin calme de leur lueurs tendres. D’un seul coup, je me suis senti bien, comme en harmonie et je ne demandais rien de plus.

Jean-Pierre Como promène sa cinquantaine et sa longue chevelure non sans grâce. Celui qu’on connaît pour tenir les claviers d’un groupe classifié rapidement dans la catégorie fourre-tout du jazz fusion (il suffit qu’un peu de binaire traîne dans le coin ou que vos amours musicales parfois électriques vous fassent voyager par delà les continents pour qu’on vous taxe de fusion... mais bon, en l’occurrence, je vous parle ici de musique tout simplement, qui plus est de musique du cœur) nommé Sixun et dont je vous suggère amicalement d’écouter les disques parce que d’eux aussi émane cette sérénité solaire qu’on retrouve ici concentrée sous la forme d’un quatuor italo-argentin, propose avec Boléro son neuvième album. Como, je le suis depuis un petit bout de temps donc, et je garde un souvenir ému d’un disque appelé Padre, publié à la fin des années 80 et que j’avais déniché au bon vieux temps d’une émission de radio que j’avais le privilège d’animer, pas si loin d’ici, du côté d’Epinal. Déjà, j’étais sensible à sa musique imprégnée d’une grande tendresse, toute en joie nostalgique (on me pardonnera ce qui s’apparente à un oxymore), au cœur de laquelle le pianiste plaçait la mélodie et le chant comme ultime cadeau fait à son père.

Vingt-cinq ans plus tard, Jean-Pierre Como se tient debout plus que jamais, porté par des élans vigoureux qui mêlent ses origines italiennes aux influences argentines que n’ont pas manqué de lui souffler à l’oreille ses complices que sont Minino Garay (batterie, percussions) et Javier Girotto (saxophones soprano et baryton). Dario Deidda, bassiste transalpin vient tranquillement équilibrer cette quarte latine à laquelle un ami de passage, le guitariste Louis Winsberg (Sixun, toujours...) rend visite le temps de regarder un peu la lune (« Guarda Che Luna »).

A vrai dire, on n’a même pas envie de passer en revue les onze titres qui composent ce bel album. Son fleuve tendre et tranquille s’écoule, ses couleurs sont chatoyantes et subtiles, elles évoquent un voyage rêveur entre Méditerranée et Amérique du Sud, en passant par les Caraïbes ; cerise sur ce gâteau délicieux, Boléro est un disque que j’ose qualifier d’accessible en ce sens qu’il ne nécessite aucun passage préalable par telle ou telle histoire musicale afin qu’on en comprenne bien les ressorts. Non, nul besoin d’une quelconque initiation, il est là, devant vous, pour vous, tout entier parcouru d’un chant amoureux dont la poésie ne pourra vous échapper pour peu que la sensibilité dont il vibre ne fasse plus qu’une avec la vôtre. Et puis... tout de même, quand on vous prend par la main pour partager des rêves d’or, un amour tango ou observer une goutte de pluie, tendrement enlacé avec qui vous le souhaiterez, il faudrait être sacrément grincheux pour refuser une invitation aussi langoureuse.

Como va molto bene...

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