Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Pascal Schumacher Quartet "Bang My Can"

    pascal schumacher,bang my can,vibraphone,citizen jazzVoilà pas mal de temps maintenant que Citizen Jazz s’intéresse au vibraphoniste Pascal Schumacher. Un long portrait lui était déjà consacré au printemps 2004 ; il nous permettait de découvrir un musicien attachant, doté d’un solide sens de l’humour – en témoignent tous les inconvénients de l’instrument dont il dressait la liste : fragilité mécanique, limitations sonores, absence de contact direct, conséquences physiques désagréables pour celui qui en joue – et du souci affirmé d’une esthétique alliant énergie, élégance et recherche d’un vrai son de groupe, d’une cohérence collective.

    Lire la suite de la chronique sur Citizen Jazz...

  • Les Beaux-Arts de Sylvain Rifflet

    beaux-arts,sylvain rifflet,sans bruit

    J’en suis certain : le disque que j’aimerais évoquer aujourd’hui fera partie de mon « top ten » de l’année 2012. Et quand bien même les dix mois à venir m’abreuveraient en innombrables chefs d’œuvres impérissables, les Beaux-Arts de Sylvain Rifflet resteront placés très haut dans ma petite pile préférentielle. Je suis d’autant plus prêt à prendre les paris qu’étant le seul à voter, nul ne pourra exercer la moindre influence sur mon classement. Voici près d’un an, au début de mois de mars 2011, j’étais déjà gagné par une certitude similaire, quand j’ai écouté pour la première fois le Libre(s)Ensemble de la bande à Bruno Tocanne. Une certitude maintenue en l’état au fil des semaines, au point qu’aujourd’hui, ce disque tourne toujours régulièrement chez moi, avec un égal bonheur.

    J’aimerais être à la tête d’un capital de connaissances musicales suffisamment vaste pour trouver les mots parfaits, ceux qui vous expliqueraient mon enthousiasme avec la plus grande acuité. Ah tiens, j’en connais un – je sais qu’il me lit – qui va encore me taquiner en me disant que je m’enthousiasme souvent ! M’en fous, je préfère mes joyeux petits salto arrière à une tiédeur dans les entrechats qui, finalement, ne génèrerait qu’une inutile dose d’indifférence et menacerait nos objets de plaisir d’une durée de vie très courte. Mais en matière d’expertise musicale, je ne suis assis que sur un modeste monticule de perceptions, celles que j’engrange depuis plus de quarante ans et qui m’autorisent, parfois, non sans réticence, à émettre un avis. Je ne sais pas si je réussirai à vous donner envie d’en savoir plus aujourd’hui, mais je me permets d’attirer votre attention sur une production originale, exemplaire et pour tout dire, passionnante en ce sens qu’elle vous bouscule dans votre petit confort auditif en vous donnant à écouter ce que je tiens pour du neuf ! Ce que j’essaie de partager avec vous, c’est cette sensation très particulière qui vous gagne juste au moment où un artiste vous fait monter à bord avec lui sans vous confier forcément la destination du voyage : ah ce petit frémissement de l’inconnu ! Et bizarrement, la confiance totale. On sait tout de suite que quelque chose va se passer, que la traversée sera riche en émotions nouvelles et que parvenu au bout du chemin, on n’aura qu’une seule envie : y revenir !

    Mais reprenons l’histoire à son début : il y a quelques jours, mon camarade Franpi a alerté ses poursuivants ailés par le biais d’un court message aviaire. Il évoquait dans la limite des fatidiques cent quarante caractères la publication d’un disque sur le remarquable label Sans Bruit, dont on ne dira jamais assez le travail de qualité mis à la disposition de nos tympans énamourés. Franpi, vous savez qui c’est ? C’est ce normand barbu boulimique de galettes qui trouve toujours les tournures de phrases sinueuses et inventives après lesquelles je continue de courir lorsque je dois écrire la chronique d’un disque. Ce fécond collègue de Citizen Jazz, jamais à court d’une bonne idée, avait peu de chances de se tromper en nous signalant ces Beaux-Arts dont je me repais en ce moment.

    Alors je me suis rendu , en quelques clics bien sentis, j’ai rapatrié sur mon ordinateur pour une somme très modique (en bénéficiant d’un format sonore de belle qualité) les fichiers constituant un album prometteur dont la pochette au décor un peu foutoir pourrait tout aussi bien être inspirée par l’univers bancal et déroutant des ready made de Marcel Duchamp. Quelques minutes plus tard, méthodiquement rangé dans la bibliothèque numérique, je pouvais tranquillement écouter le disque de Sylvain Rifflet. En quelques secondes, le bougre avait gagné ! J’étais conquis.

    Rifflet – je vais être honnête avec vous – je le connaissais de nom, j’avais déjà lu quelques articles relatant son parcours, je savais qu’il était un clarinettiste saxophoniste compositeur arrangeur plutôt inventif mais… non, je n’avais jusque là pas écouté la moindre petite minute de sa musique. Je m’auto-flagellerai si vous le jugez indispensable. Mais d’une certaine façon, j’ai découvert l’album dans un état de fraîcheur absolue, confinant à la virginité musicale, prêt à me laisser guider par sept artistes en état de grâce.

    Imaginez un trio plutôt explorateur et gros fournisseur de ruptures et de syncopes en tous genres, composé de Sylvain Rifflet (saxophone, clarinette, métallophone), Gilles Coronado (guitare) et Christophe Lavergne (batterie, percussions) venant se mesurer à un quatuor à cordes (Frédéric Norel, Clément Janinet, Benachir Boukhatem et Olivier Koundouno) lui-même prêt à en découdre avec un vrai appétit créatif, volontiers hypnotique et dissonant. Voilà, les Beaux-Arts sont en action et ne vous lâchent plus une seule seconde. Une semaine après ma découverte, je peine encore à rassembler mes sensations en quelques phrases parce que je suis bien loin d’avoir fait le tour de la propriété. Nom d’un chien, la demeure est vaste, à chaque visite, on découvre une nouvelle pièce, un petit recoin qu’on n’avait pas vu précédemment ! Il y a quelque chose dans cette musique qui évoque un cabinet de curiosités sonore et nous renvoie parfois aux élucubrations dadaïstes et chahutées d’Henry Cow (le travail de Gilles Coronado me fait penser ici ou là à celui de Fred Frith), parfois aussi aux élans brûlés de King Crimson (décidément, ce groupe revient souvent dans mes chroniques…) ; on cherche d’où peut bien provenir cette musique contemporaine et libre et puis… au diable les influences ou les connotations, c’est l’idée d’une forme qui se modèle sous nos oreilles qui finit par prédominer. Sylvain Rifflet l’arrangeur cherche, invente, stimule et entraîne ses camarades avec lui dans une sarabande faussement bancale et, en vérité, furieusement gourmande. Il y a chez lui une évidente volonté de mordre dans sa musique comme on mord dans la vie. Notre époque, si redoutable et anxiogène, a besoin d’agitateurs comme lui pour nous laisser espérer que tous nos lendemains ne vont pas déchanter. 

    Beaux-Arts est un disque à découvrir d’urgence, à absorber autant de fois que nécessaire, comme une bonne cure de vitamines. Jusqu’à ce que, après de salutaires écoutes, vous redressiez les épaules et considériez le monde qui vous entoure pas uniquement comme un immense piège à humains angoissés mais aussi comme une source d’énergie pour les temps à venir.

    Ouais... bon... pas géniale ma conclusion... un peu pompeuse ! Tout ça pour dire que le disque est magnifique, qu'il fait un bien fou et qu'on en redemande. Ou comment dire en deux ou trois lignes ce qu'on vient de raconter dans un texte beaucoup trop long. Comme d'habitude...

  • Lionel Belmondo - Des clairières dans le ciel

    lionel belmondo, hymne au soleil, choeur national de lettonie, fauré, boulanger, duruflé, yusef lateefBien que paru fin 2011, Des clairières dans le ciel a été enregistré voici près de cinq ans, au printemps 2007. Il est pour Lionel Belmondo la conclusion d’un cycle de trois albums dont l’ambition affichée est de « dépasser les clivages et de révéler les jeux d’influence qui font se rapprocher les musiques ».
    Le premier volet de cette trilogie atypique voit le jour en 2003, lorsque le saxophoniste publie son Hymne au soleil qui, depuis, a accumulé les récompenses. Lionel Belmondo y jetait des passerelles entre la musique du début du XXe siècle, celle du post-impressionnisme, et le jazz modal.

    Lire la suite de cette chronique sur Citizen Jazz...