Âme
La médiocre actualité politique m'a fait repenser à ce très beau film israélien qui s'appelle La visite de la fanfare, sorti il y a deux ou trois ans, et qui nous racontait cette étonnante histoire d'une petite fanfare de la police égyptienne venue en Israël pour participer à l'inauguration d'un centre culturel arabe. Manque de chance pour cette troupe, les aléas des transports perdent les musiciens dans une sorte de no man's land désertique avant qu'ils ne finissent par rencontrer quelques autochtones, partager un peu de leur quotidien et par trouver enfin leur chemin. Mais la raison de mon inquiétude ne se niche pas dans l'histoire elle-même - aussi belle soit-elle - mais dans un échange entre deux des personnages. Je me rappelle en effet cette question qu'un homme de rencontre pose au chef de la fanfare : « Mais à quoi peut bien servir une fanfare de la police ? », à laquelle ce dernier répond (je cite de mémoire) : « Poser cette question, c'est comme se demander à quoi sert l'âme humaine ». Peut-être faudrait-il suggérer à certains, qui mettent stupidement en balance culture et utilité avec un mépris ostentatoire pour la première, notamment lorsqu'ils brocardent la présence d'une épreuve de littérature dans un concours administratif, de méditer cette belle réponse tant elle est d'une sagesse infinie. Et loin, très loin, de toute cette vulgarité érigée en étendard.