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stefano bollani

  • Nancy Jazz Pulsations 2011 # 11

    Nancy Jazz Pulsations 2011 # 12

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    Stefano Bollani se reconnaît volontiers comme un musicien chanceux, qui jouit du privilège de vivre de sa passion et se fait un devoir de transmettre sa bonne humeur. Alors merci à lui, mais aussi à ses deux complices danois (Jesper Bodilsen : contrebasse et Morten Lund : batterie), d’avoir réjoui un Théâtre de la Manufacture plein à craquer. Car le pianiste transalpin et ses acolytes ont servi au public une musique évoluant constamment sur le fil ténu de leurs conversations élégantes et espiègles. Que le trio puise dans des compositions originales ou qu’il aille chercher l’inspiration vers Antonio Carlos Jobim, Caetano Veloso ou… Michael Jackson pour une irrésistible version chantée de « Billie Jean », tout est prétexte à de savoureuses déambulations narratives offrant le spectacle d’un parfait équilibre entre les musiciens. La paire danoise, à l’allure faussement austère, n’est pas la dernière à glisser ses facéties dans le jeu du pianiste volontiers taquin, allant jusqu’à mimer du bout des baguettes et d’un claquement de cordes une corrida où l’on ne sait qui joue le rôle du taureau et qui joue celui du matador. Bollani pratique le piano sous tous ses angles : assis, debout, accroupi, à genoux mais toujours dans le plaisir de l’invention. Mais la légèreté des apparences ne dissimule jamais la justesse d’une union entre trois voix qui s’écoutent avec une remarquable attention. Voilà un triangle parfaitement équilatéral : de quoi nous réconcilier avec la géométrie. 

    Stéphane Belmondo a tout l’air d’un homme heureux ! Son récent The Same As It Never Was Before est le disque de son épanouissement, dont le trompettiste a pu faire aboutir l’idée en associant ses forces à celles de deux papys flingueurs titulaires de cartes de visite qui sont de véritables who’s who de l’histoire jazz américain : le pianiste Kirk Lightsey et le batteur Billy Hart. Sans oublier l’appui précieux du contrebassiste Sylvain Romano, compagnon de route de Belmondo que ce dernier considère comme son autre frère en musique et qui, du haut de sa trentaine, tutoie les deux maîtres du bout des cordes avec une rigoureuse rondeur. Un quartet de choc que l’on retrouve à Nancy dans la pleine lumière de sa réussite et qui, à l’évidence, prend un énorme plaisir à jouer le répertoire de ce disque roboratif. Ouvrant le concert avec « What’s New », dont la version par Ella Fitzgerald remonte à la fin des années 30, Stéphane Belmondo va très vite creuser le sillon de The Same As It Never Was Before : « So We Are », « You And I », « Habiba », « Light Upon Rita », autant de pièces qui deviennent le terrain de jeu d’une sacrée bataille d’amitié entre les musiciens du quartet, parmi lesquels nos deux américains – visiblement réjouis d’être au cœur de l’action – vont se tailler une part de lion ! Le plaisir pris à écouter le disque est ici démultiplié par leur force de frappe qui s’expose à un public plus qu’enthousiaste. Ainsi entouré, Stéphane Belmondo peut libérer son jeu – volubile et virevoltant - sans la moindre entrave et toucher du doigt ses rêves de toujours. Être le principe actif d’une création musicale vivante et constamment sur le fil de cet implacable rasoir qu’est la prise de risque en scène. Ses artificiers septuagénaires, tous sourires dehors, lui ont fourni une occasion très précieuse de vivre des instants rares et intenses. Comme toujours, ceux-ci ont semblé bien trop courts. On en redemande !

    Théâtre de la Manufacture – Samedi 15 octobre 2011

    En écoute : « So We Are», extrait de The Same As It Never Was Before de Stéphane Belmondo.

    podcast

    Texte préparatoire à un prochain compte-rendu complet pour Citizen Jazz.