Méditatif
Je ne me risquerai pas à l'exercice périlleux par lequel je chercherais à résumer en quelques lignes cinq longues et studieuses journées passées à la découverte de Rome, sous ses aspects les plus essentiels (j'emploi cet adjectif à dessein, dans son acception philosophique) : historique, artistique et religieux. La tentation serait grande, en effet, d'un inventaire des splendeurs qui se sont offertes aux yeux des membres du groupe dont je faisais partie, sous la conduite de différents guides, tous de très haut vol. Et du coup, je n'ajouterais rien de particulier à ce que beaucoup savent déjà et qu'on peut lire dans une myriade d'excellents bouquins ou de sites Internet fort bien documentés, tel ce Rome Passion, qu'on pourra recommander à celui qui voudrait aborder les rivages magiques de la ville éternelle. Ce qui me paraît en revanche plus digne d'être partagé avec mes lecteurs est ce sentiment très particulier qui étreint petit à petit au fur et à mesure de vos découvertes. J'ai tenté de donner un nom à cet état intérieur qui vous mène à l'introspection et à une approche de la vie qui, en quelques jours, vous éloigne de vos contingences matérielles (avant un retour à la vie réelle et son désagréable cortège automnal, pluie glacée et feuilles tombées, tristes mines de mes concitoyens). Impossible description, ou plutôt vaine tentative d'évocation de l'indicible... Et j'aurais tant aimé vous rapporter quelques témoignages sonores incomparables, comme le chant de ces quatre jeunes Italiens, dimanche au Panthéon. Pas eu le réflexe de pointer mon petit magnétophone sur leurs poignantes polyphonies d'inspiration grégorienne... Il me reste cependants quelques témoignages photographiques qui, je l'espère, seront pour vous la traduction des ces instants uniques. Ici par exemple, nous sommes dans le cloître de la Basilique Saint Jean de Latran : le soleil commence sa course lente vers le soir et illumine les torsades de pierre. La lumière est douce, on voudrait s'arrêter là un long moment...