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photographie

  • Cyclique

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    J'ai la drôle de manie de photographier les vélos. Mais à une condition : qu'ils ne soient pas chevauchés par un humain, dont je considère la présence comme très inesthétique et mal venue. J'apprécie les bicyclettes sans leurs maîtres, déposées ici ou là dans la rue avec ou sans antivol, voire quand elle sont abandonnées... et si elles sont un peu vieillottes, elles auront ma préférence.

    On voit ici un bel attelage un tantinet suranné, que j'avais « capté » voici quelques années - c'était en 2007 je crois - sur cette petite place absolument irrésistible qu'on peut dénicher à Paris du côté de la rue de Furstemberg, dans le quartier de Saint-Germain des Prés. Tiens, pendant que j'y suis, profitez donc de votre flânerie pour rendre une petite visite au Musée National Eugène Delacroix, dont l'entrée n'est située qu'à quelques mètres de mon véhicule d'un jour.

    Souvent, j'associe un souvenir à une photographie, mais pas forcément celui qui correspond au moment où j'ai appuyé sur le déclencheur. Ce souvenir peut remonter à la surface bien plus tard, lorsque je feuillette mes albums. Ce vieux vélo, la petite place... aussitôt je remonte le temps et me retrouve au début des années 80. A cette époque, je m'étais rendu à Paris avec mon directeur pour participer à une réunion dont j'ai oublié la teneur et le lieu précis. Qu'importe... Je me rappelle notre arrivée devant l'entrée du Ministère de l'Education Nationale : n'arborant pas la tenue correcte, mon chef avait ouvert le coffre de sa voiture dont il avait extirpé veste, chemise, pantalon et cravate avant de se déshabiller tranquillement - et voilà notre bonhomme en caleçon et t-shirt à même le trottoir, offrant une belle bedaine et un spectacle peu banal au fonctionnaire de police qui montait la garde. Mais surtout, dans un autre recoin de ma mémoire est stocké le souvenir du voyage retour : au volant de sa voiture, mon replet mannequin du matin - par ailleurs un homme charmant que le travail ne passionnait plus et qui préférait de très très loin parler de cinéma, de littérature et mettait un point d'honneur à me vanter les mérites de Télérama - avait décidé de me présenter une petite place dont il ne cessait de me vanter le charme discret depuis de longues semaines.

    Comme il avait raison le bougre ! Sa conviction fut très vite la mienne et je tombai instantanément sous le charme. Il m'arrive fréquemment, depuis, de faire un petit crochet commémoratif vers la rue de Furstemberg, lors de mes balades parisiennes. Je musarde quelques instants, j'en fais le tour une fois ou deux, je ronchonne contre les voitures qui l'encombrent... Je suis alors dans ma posture préférée : la truffe en l'air, humant tranquillement l'air si doux d'un univers où se mêlent nostalgie et les petits bonheurs de l'instant présent.