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millenium

  • Mitigé

    millenium.jpgJe viens de terminer la lecture de la trilogie « Millenium », écrite par le suédois Stieg Larsson (qui s'est pris en 2004 de la drôle d'idée de mourir d'une crise cardiaque juste après en avoir remis le dernier manuscrit à son éditeur) et je retire de ces trois gros bouquins des sentiments contradictoires. Parce que j'ai dévoré cette suite dans un temps très court, happé par les histoires que l'auteur inscrit dans un contexte sociologique réaliste et complexe (certains passages annoncent d'une façon mystérieusement prémonitoire la crise financière que nous subissons), je me suis laissé embarquer assez naturellement dans le quotidien de personnages à la fois hors du commun mais qui restent très proches de nous. De plus, il faut souligner que les outils informatiques sont en général décrits avec justesse, ce qui est rarement le cas. Même si je ne suis pas certain que le meilleur des hackers serait capable de réaliser les prouesses de Lisbeth Salander... N'empêche, l'auteur sait ce qu'est un Mac, il connaît le monde des imprimeurs et de l'édition, ça ne fait aucun doute. Mais quel dommage que le style de ces bouquins soit si pauvre et truffé d'une ribambelle de barbarismes qui nous auraient valu, du temps de nos rédactions, des notes difficiles à présenter à nos parents. Comme si, pour toucher le public le plus large possible, il fallait, encore et toujours, niveler par le bas, ne pas lui faire prendre le risque d'un effort de concentration minimal. J'avoue que je redoute l'adaptation au cinéma qui vient d'être faite du premier tome, parce que je devine que le spectaculaire et le violent l'emporteront sur tout le reste alors que le sujet est plus profond qu'il n'y paraît au premier abord. Je crois que je n'irai pas voir le film, d'ailleurs. Et comme par une sorte d'effet de compensation, voilà que me vient le besoin de me replonger dans « La recherche du temps perdu », de me noyer dans ses phrases longues et méditatives, comme on viendrait à boire à l'eau d'une source claire pour se purifier.

  • (Litté)Ratures

    Je suis convaincu que la langue française évolue, qu'elle doit évoluer, notamment en s'enrichissant de l'histoire de tous les mots venus d'autres langues, même lorsqu'une nouvelle intégration suscite l'irritation des plus puristes d'entre nous au prétexte qu'elle a son équivalent dans un autre mot ou que le terme incriminé est employé à mauvais escient. Je suis même prêt à admettre l'éradication de l'imparfait du subjonctif, considéré comme désuet et renvoyé à ses turpitudes euphoniques (encore que ce temps nous valait quelques bonheurs : « Cette vérité, il fallait vraiment que je la susse un jour ou l'autre »). Il faut aussi que je comprenne la raréfaction du passé simple, qui pourrait, un jour prochain appartenir... au passé, tout simplement ! Mais lorsque je lis, à la page 447 du second volume de la trilogie Millénium : « En 1996, il devint personnage officiel dans le sens qu'il fut nommé adjoint-chef à la brigade des étrangers », là, je dis : pouce ! Surtout qu'il me serait très facile de multiplier les exemples de ce type tout au long des quelque 1700 pages de cette œuvre pas inoubliable. Certes, on devine que ces trois romans policiers - dont les intrigues en valent bien d'autres et qui ont le mérite de se dérouler en Suède, ce qui nous change un peu de l'ordinaire, même si leur lecture provoque le besoin irrépressible de se replonger dans la prose d'un John Harvey par exemple - ont été écrits avec un stylo ou un clavier accouplé à un marteau-piqueur, on peut également imaginer que les traducteurs, pris par le temps et les contraintes économiques, n'ont pas disposé des moyens nécessaires au peaufinage de leur boulot. Mais on frise là un français qui s'apparente plus à la traduction automatique de la notice de montage d'un meuble fabriqué en Chine sous la commande d'un chef d'entreprise suédois (encore !) habitant la Suisse que d'une littérature digne de ce nom.