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lafayette

  • CharlElie Couture : Lafayette

    charlelie couture, lafayetteNow playing… Oui, oui, vous avez bien lu : CharlElie Couture. Mais que vient donc faire ici ce monsieur qu’on estampille à tort « variété française » et qui est avant tout un rockeur « fort rêveur » ? C’est que ce bonhomme-là, je l’aime bien, et ça ne date pas d’hier. Je ne prétends pas connaître sa vingtaine d’albums sur le bout des doigts, même si j’ai écouté la plupart d’entre eux, et je ne l’évoque pas ici parce qu’il est natif de Nancy, une ville que j’habite depuis… bien longtemps. Je ne m’attarderai pas non plus sur le cas de celui qui vit à New York depuis une douzaine d’années, par ailleurs peintre tout aussi singulier que le chanteur porteur d’une longue barbiche pointue dont la voix nasillarde est une énigme pour beaucoup. Pas facile d’expliquer en quelques mots la sympathie que le monsieur m’inspire, mais j’ai l’impression qu’il est un homme libre, ou du moins aussi libre que possible dans ce monde étrange et gris fabriqué par des humains égarés.

    Et puis, entrons dans le vif du sujet, la vraie raison de cette chronique, c’est Lafayette, son nouveau disque. Un pur plaisir. Je le dis avec d’autant plus de simplicité qu’Immortel, son prédécesseur, m’avait laissé un petit goût, sinon amer, du moins fade. La faute sans doute à cette drôle d’idée consistant à s’assurer le concours artistique de l’inévitable Benjamin Biolay. Ou la garantie d’un hors sujet et d’un glissement progressif vers la standardisation : de surcroît, on ne décelait pas dans ce disque mi-figue mi-raisin la moindre prise en compte de la singularité de CharlElie Couture, chanteur atypique s’il en est. Or, le Lorrain vaut mieux qu’une série de chansons-sirop, il lui faut du brut, de l’authentique, du râpeux : c’est bien ce qu’on trouve dans ce nouveau disque enregistré en Louisiane avec des musiciens du cru, y compris le mythique Zachary « Travailler c’est trop dur » Richard qui pointe le bout de ses cordes vocales sur deux titres. Lafayette est un disque qui va à CharlElie comme un gant en peau d’alligator. Au préalable longuement trempé dans les eaux boueuses du marigot, le son est roots, joliment sali par des instruments pétillants au service d’un blues rock champagne des bayous : guitares électriques, dobro, orgue Hammond, piano, banjo, pedal steel, accordéon, une poignée de cuivres pour épicer le goûteux ragout. Zéro pour cent de matière synthétique… CharlElie Couture, lui, s’amuse comme un gamin et ce n’est pas pour rien qu’il entame son album par une chanson intitulée « On va déconner ». Pas un seul instant la tension ne se relâche tout au long des 13+1 titres, même à l’occasion des ballades qui évitent cette fois l’écueil de la mièvrerie. Lafayette est une sorte de one shot, un tir groupé sans temps mort ni faute de goût dont la conclusion est une noueuse reprise de « House Of The Rising Sun » devenu « Maison Soleil Levant ». Et si mon ex-concitoyen m’autorise cette recommandation, j’aimerais souligner le fait que le filon me semble loin d’être épuisé. Il y a encore de la matière première à exploiter au point qu’on attend la suite avec impatience. Surtout, on comprend plein de choses qui nous titillaient depuis les originelles 12 chansons dans la sciure : cette drôle de diction, cet accent bizarre, cette voix traînante, cet assemblage vocal faussement bancal… Bon Dieu, mais c’est bien sûr : CharlElie Couture est un Acadien qui s’ignorait.

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