Libres
Il m'arrive d'observer mes contemporains et de m'apercevoir que je ne les comprends pas toujours... Prenez cette merveille de la technologie qu'on nomme « kit mains libres » : après s'être rendu compte qu'en arborant, comme vissé à l'oreille, ce moche machin nommé oreillette Bluetooth (imaginez qu'on vous colle un Stabilo Boss sur le lobe, voilà en gros à quoi ça ressemble, sauf que vous ne pouvez même pas vous en servir pour surligner les passages importants du dernier bouquin de Marc Lévy), les bipèdes atteignaient un niveau de ridicule proche du suicide esthétique, ils ont ensuite reporté leur amour de la technologie communicante sur des écouteurs filaires munis d'un petit interrupteur qui permet de décrocher et raccrocher en toute simplicité, comme ils l'auraient fait avec un téléphone ordinaire. Jusque là, rien d'extraordinaire, mieux même, voilà un objet dont le corps médical recommande l'usage dans la mesure où il épargnerait le cerveau de l'agression des ondes méchantes, parce qu'il éloigne notre tête de l'appareil. Le problème est ailleurs... Car j'ai observé, vous dis-je ! Et je reste un peu perplexe face à l'usage qui est fait de cet ustensile : je vois qu'on tient d'une main le téléphone (Pourquoi ? Le fil serait-il trop court ? La poche d'une veste ou d'un pantalon contrarierait-elle la propagation des ondes ? Mystère...) et que de l'autre, on soulève le fil pour rapprocher le micro de sa bouche ! Résultat des courses : au lieu d'avoir les mains libres, on les a bien plus occupées qu'avec un vulgaire téléphone. Notez toutefois que je préfère mille fois ce spectacle plutôt réjouissant à celui que nous infligent les partageurs. Vous ne connaissez pas les partageurs ? Allez, je suis sûr que vous en avez déjà croisé. Vous savez bien, ces gens qui tiennent absolument à vous faire profiter à fond de mini haut-parleurs au son pourri du dernier machin truc jetable qu'ils ont téléchargé plus ou moins légalement et qui déambulent dans les rues pour que chacun de nous puisse en profiter...