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guillaume menard

  • Mupokesi - Expression

    mupokesi_expression.jpgLe fait d'être père d’un musicien justifie-t-il le silence autour d’un disque publié l'année dernière par un quartet dont il est le saxophoniste ? Dois-je taire un EP, comme on dit aujourd’hui, au prétexte que je serais partial et donc illégitime dans mes commentaires ? Ma réponse est non, et je m’autorise un rapide plaidoyer pro domo ! Une réponse d’autant plus négative que le groupe Mupokesi doit son existence au guitariste compositeur, Yanni Balmelle, membre du Grolektif, fondateur de différentes formations (Yanni Balmelle Quartet, ZAQ, Limbus, New Urban jazz, Trio DT, Y) et amoureux de littérature tout comme de philosophie. Une intrication des passions qui serait à l’origine de l’appellation Mupokesi, quelque part entre musique et poésie. Pas étonnant que Balmelle ait un beau jour croisé la route d’un certain Pierre Desassis, saxophoniste habitant lui-même Lyon et membre, entre autres, d’une joyeuse bande affiliée au Grolektif suscité, j’ai nommé Bigre ! (dont j’évoquerai ici prochainement le nouveau disque intitulé To Bigre ! Or Not To Bigre !). Tout aussi lyonnais est le pianiste Guillaume Ménard, d’abord formé à l’école classique qu’il quittera avant de retrouver quelque temps plus tard le Conservatoire par la porte du jazz. Willy Brauner, batteur quant à lui, est d’abord passé par la Lorraine avant de rallier Lyon, tout comme son comparse saxophoniste d’ailleurs. Il se pique d’un amour de la gastronomie en même temps qu’il est musicien (jazz, rock, folk), enseignant et passionné de technologie ou de web design. On peut suivre sa trace à travers des formations comme May Orchestra, The Amazing Place ou Melt.
     
    Expression, ou 36 minutes d’une musique raffinée – une durée voisine de celle de bien des 33 tours de nos jeunes années – qui affiche un véritable amour de la mélodie. Le répertoire porte les couleurs d’un camaïeu d’élégance et de suggestion, porté par l’interprétation toujours juste, sans démonstration inutile, d’une formation dont la composition n’est pas si courante, en l’absence de basse ou de contrebasse. On constate avec plaisir à l’écoute du disque que Mupokesi est un tétragone – amis lyonnais, notez le jeu de mots, tout de même – dont le jazz regarde tout autant en direction de la jeune scène new yorkaise (on devine par son jeu que Yanni Balmelle marche volontiers dans les pas de guitaristes tels que Kurt Rosenwinkel, Gilad Hekselman ou Lage Lund) que vers celle d'une esthétique feutrée évoquant indirectement l’école du jazz rock anglais des années 70 et dont certaines figures de proue avaient pour nom Hatfield & The North ou National Health. De très belles références qui soulignent la qualité des six compositions d’un album finement ciselé et, de plus, emballé dans un digipack dont la sobriété, toute en noir blanc et rouge, lui convient parfaitement. Quand contenant et contenu font si bien la paire, il n'est jamais inutile de le souligner. Avis aux programmateurs, il y a de très beaux moments de musique à passer avec ces quatre-là qui savent raconter leur musique comme d’autres disent des poésies : avec le cœur.
     


    Yanni Balmelle (guitare), Pierre Desassis (saxophones), Guillaume Ménard (Rhodes), Willy Brauner (batterie).

    Autoproduction