Ecume
J’ai assisté la semaine dernière à un grand moment de télévision, presque digne des heures chaudes de l’émission culte de Michel Polac, «Droit de Réponse», autrefois, il y a bien longtemps, avant que TF1 ne soit livrée à l’empereur du béton. François Busnel avait en effet invité sur France 5, dans sa «Grande Librairie», l’éditeur Eric Naulleau, connu pour ses jugements à l’emporte-pièce et Pierre Bergé, connu par Yves Saint-Laurent. Dans son «Jourde & Naulleau», qui se veut une sorte de Lagarde & Michard contemporain, le premier se livre à un vrai jeu de massacre des écrivains de notre temps, parmi lesquels Philippe Sollers, ami du second. Ah !!! Il fallait voir Pierre Bergé écumer de rage sur son fauteuil rouge, les yeux injectés de sang, éructant dans son emportement de surprenantes fautes de français (« Vous disez ! »), il n’avait plus assez de mots pour vilipender, poing levé, son voisin de plateau, que la scène amusait visiblement, ce mauvais coucheur coupable d’un vrai assassinat littéraire indéfendable. Entre les deux, Fabrice Lucchini slammait du Molière à n’en plus finir pendant que l’animateur contemplait la scène, visiblement ravi et pas gêné de voir son petit monde assurer le spectacle sans qu’il ait à intervenir un seul instant. Et j’aurais presque été touché par la détresse bave aux lèvres de celui qui venait présenter son «Art de la préface» si ce dernier n’avait pas commis l’erreur de fourbir des armes aussi cruelles que celles qu’il dénonçait quelques instants plus tôt, lorsqu’il s’est agi de flinguer à deux voix le Richard Claydermann de la littérature hexagonale, notre Marc Lévy industriel.