Une certaine idée de la perfection
Les huit années qui séparent Song To A Seagull (1968) et Hejira (1976) auront été celles d'une certaine forme de magie pour la chanteuse canadienne Joni Mitchell. L'essentiel de sa discographie s'y trouve - c'est mon humble avis - concentré en une dizaine d'albums qui auront vu le jour selon un rythme très élevé et même si l'histoire ne s'arrête pas là, marquant pour certaines productions une inflexion vers le jazz (en 1979, Joni Mitchell publiera Mingus, fruit d'une collaboration inachevée avec l'immense contrebassiste qui mourra avant de finir ce travail ; un autre grand du jazz, Jaco Pastorius, sera également associé à ses projets), on ne peut qu'être saisi par le feu intérieur qui couve sur ces albums somptueux aujourd'hui promus au rang de classiques intemporels. Des compositions telles que "Woodstock" ou "Both Sides, Now" figurent parmi les sommets de la musique venue d'outre Atlantique, ils n'ont pas subi le moindre assaut du temps. Intensité du chant, beauté de la mélodie, sobriété des arrangements faisant une large place à la guitare acoustique... Il y a quelque chose qui relève de l'indépassable chez cette Joni Mitchell de la première époque.
Celle qui se veut aujourd'hui plus peintre que musicienne continue de rayonner et de marquer de son empreinte le travail de jeunes musiciens. Tout récemment encore, la saxophoniste Lisa Cat-Berro reprenait à son compte deux compositions de Joni Mitchell ("Sara's Secret Love" et "Last Chance Lost") sur son bel album Inside Air (sur ce disque, un autre héros canadien est célébré, en la personne de Neil Young, par une reprise de "Old Man", composition extraite de l'album Harvest, dont la renommée planétaire n'est plus à faire...). Les générations passent, les oeuvres majeures restent...
Difficile de faire un choix pour vous donner envie de (re)découvrir cette grande artiste. J'écoute en ce moment Hejira, publié en 1976. Et je suis saisi par la fulgurance en suspension d'une composition telle que "Amelia". La voici, à vous de vous faire une opinion.
"Amelia", extrait de l'album Hejira publié en 1976 :
- Joni Mitchell : chant, guitare
- Larry Carlton : guitares
- Victor Feldman : vibraphone
I was driving across the burning desert
When I spotted six jet planes
Leaving six white vapor trails across the bleak terrain
It was the hexagram of the heavens
It was the strings of my guitar
Amelia, it was just a false alarm
The drone of flying engines
Is a song so wild and blue
It scrambles time and seasons if it gets thru to you
Then your life becomes a travelogue
Of picture-post-card-charms
Amelia, it was just a false alarm
People will tell you where they've gone
They'll tell you where to go
But till you get there yourself you never really know
Where some have found their paradise
Other's just come to harm
Oh Amelia, it was just a false alarm
I wish that he was here tonight
It's so hard to obey
His sad request of me to kindly stay away
So this is how I hide the hurt
As the road leads cursed and charmed
I tell Amelia, it was just a false alarm
A ghost of aviation
She was swallowed by the sky
Or by the sea, like me she had a dream to fly
Like Icarus ascending
On beautiful foolish arms
Amelia, it was just a false alarm
Maybe I've never really loved
I guess that is the truth
I've spent my whole life in clouds at icy altitude
And looking down on everything
I crashed into his arms
Amelia, it was just a false alarm
I pulled into the Cactus Tree Motel
To shower off the dust
And I slept on the strange pillows of my wanderlust
I dreamed of 747s
Over geometric farms
Dreams, Amelia, dreams and false alarms