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gerard manset

  • Manset, ce drôle d’oiseau...

    gerard manset, un oiseau s'est poséOn peu appréhender ce double album de deux façons : soit en le considérant d'un œil sévère au prétexte que Gérard Manset, un peu trop sûr de la fidélité de ses aficionados jamais démentie depuis plus de quarante-cinq ans, se la joue facile en leur lâchant, comme un os à ranger, après un long silence discographique, une compilation améliorée sous la forme d'une sélection de dix-sept de ses vieilles chansons réenregistrées en 2012 auxquelles il ajoute un inédit qui donnera son titre à l’album, afin de marquer un changement de label et son arrivée chez Warner ; soit en acceptant cette proposition finalement pas plus malhonnête qu'une autre pour faire le constat, une fois encore, de sa singularité et de son talent fou ici concentrés en près de 100 minutes d'une élégance formelle indiscutable, presque intemporelle. 

    Un oiseau s'est posé est le vingtième album de Manset : si ses nouvelles interprétations contemporaines sont parfois proches des originaux dans leurs nouveaux habits de lumière, les identités de quelques chansons peuvent aussi être masquées sous des titres anglais (dont les traductions sont signées Paul Breslin), et transcendées par la brûlure qu'elles portent en elles, comme « Élégie funèbre » devenue « Cover Me With Flowers » en duo avec Mark Lanegan ou « Il voyage en solitaire » rebaptisée « No Man's Land Motel », dans une version poignante, planante, d’une beauté fulgurante. Et malgré la présence d'autres invités qui font leur apparition de temps à autre (Axel Bauer sur « Celui qui marche devant », Raphaël sur « Toutes choses » ou le groupe belge dEUS pour une reprise jubilatoire de « Animal on est mal »), Manset fait d'abord jouer une garde rapprochée, peu perméable aux codes esthétiques du moment, dont certains membres sont des compagnons de très longue date, comme le remarquable Didier Batard à la basse, Serge Perathoner aux claviers ou David Woodshill à la guitare.

    L'univers de Gérard Manset - aux portes de la solitude et de l’introspection existentielle, pas besoin de préciser ici qu'il n'est pas vraiment question de grosse rigolade - se trouve ici sublimé par un passage en revue qui démontre que le vieux jeune homme (il fêtera ses 70 ans l'année prochaine) en a encore, comme on dit, “sous le capot”. Il n'en a même pas terminé avec ses exigences parfois surprenantes, de celles qui le font détester par certains et refusent de l'accepter tel qu'il est au prétexte qu'il ne devrait plus s'appartenir à partir du moment où sa parole est rendue publique. En témoignent ses exigences en matière de réédition des anciens albums (pour la plupart indisponibles dans leur contenu originel) ou sa requête de ne pas rendre disponible en podcast une récente émission de radio dont il était l'invité sur France Inter après la publication de Un oiseau s'est posé (et que bien sûr, nous avons tous rapatriée par des canaux détournés avant de l’archiver précieusement sur nos disques de sauvegarde).

    Ainsi va Manset dans son « splendide isolement » : un drôle d’oiseau efflanqué d'apparence hautaine, plus fragile qu'il n'y paraît, chanteur unique, identifiable dans l'instant, ce qui n'est donné qu'aux très grands. On peut compter sur les doigts de la main les chanteurs qui ont su inventer leurs propres mondes... Cerise sur le gâteau : sa voix sui generis résiste aux assauts du temps, elle chante avec la même instabilité émouvante qu'aux premiers jours. Le même frisson depuis « Animal on est mal ».

    Chapeau l'artiste : ici on t'aime tel que tu es ; les chiens peuvent bien aboyer et te dénigrer, ils n'empêcheront pas ta fière caravane de passer. Avec toi, comme un guerrier, on va passer le pont habillé d'un manteau rouge en écoutant chanter le rouge-gorge, avant de monter dans le train du soir pour entrer dans le rêve et entrevoir deux voiles blanches baignées de lumières…

    Gérard Manset (paroles, musiques, orchestrations, chant, guitare, clavier), Patrice Marzin (guitare), David Woodshill (guitare), Serge Perathoner (claviers), Didier Batard (basse), Claude Salmieri (batterie), François Causse (percussions), Vincent Chavagnac (flûte et saxophone) + guests : Mark Lanegan, Paul Breslin, Axel Bauer, Raphaël, dEUS.

    Un petit rappel discographique :

    • Gérard Manset (1968)
    • La Mort d’Orion (1970)
    • Manset (Long long chemin) (1972)
    • Manset (Y a une route) (1975)
    • Rien à raconter (1976)
    • 2870 (1978)
    • Royaume de Siam (1979)
    • L’atelier du crabe (1981)
    • Le train du soir (1981)
    • Comme un guerrier (1982)
    • Lumières (1984)
    • Prisonnier de l’inutile (1985)
    • Matrice (1989)
    • Revivre (1991)
    • La vallée de la paix (1994)
    • Jadis et naguère (1998)
    • Le langage oublié (2004)
    • Obok (2006)
    • Manitoba ne répond plus (2008)
    • Un oiseau s’est posé (2014)

     Remerciements, parce qu'ils savent pourquoi : Sam Pierre, Thierry Moreau...

  • Unique

    manitoba.jpgQuarante ans et dix-neuf albums plus tard, Gérard Manset se rappelle à notre bon souvenir avec «Manitoba ne répond plus», qui sort cette semaine. Indémodable, égal à lui-même en ce sens que chaque disque semble la continuité parfaite du précédent, Manset continue de fasciner et sait qu’il pourra compter sur ses fidèles. Malgré les rumeurs qui avaient couru voici deux ans, on n’annonce aucun projet de scène pour celui qui est toujours resté un musicien de studio. Son roman autobiographique, «Les petites bottes vertes» dressait le portrait d’un personnage pas forcément sympathique, mais on s’en moque : Manset reste unique et inimitable, les dernières tentatives de certains chanteurs de s’approprier son répertoire en sont la preuve.

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